Le plaisir effacé, Catherine Malabou

Le plaisir effacé, Catherine Malabou

Le plaisir effacé, Catherine Malabou – Trouble Bibliomane

L’année se termine doucement, mais j’ai encore plusieurs livres à vous faire découvrir avant le grand soir ! Il n’y a pas de saison pour parler féminisme, féminité, et clitoris. Immersion dans Le plaisir effacé, l’essai percutant de Catherine Malabou aux éditions Rivages

L’année 2020 n’a clairement pas été celle des essais pour moi, hormis Nouvelle Mère de Cécile Doherty-Bigara, c’est un zéro pointé. Mais ne faut-il pas privilégier la qualité à la quantité ? Le plaisir effacé détient un lien fort avec Nouvelle Mère : ils parlent chacun de liberté et d’autonomie à leur façon. Il me plait de découvrir et redécouvrir comment ces notions forment une symbiose exquise avec celle du féminisme.

L’essai de Catherine Malabou est un ouvrage dans lequel la professeure de philosophie met en lumière le clitoris comme objet de plaisir, de pensée, de torture, et de discussion, simplement. Mais une seule et même question y gravite : comment et pourquoi le clitoris a été le grand oublié de l’Histoire ? Sans mettre un terme sur l’organe, ni les arts, ni les sciences ne le définissent exactement au cours des siècles tandis qu’il est à l’honneur aujourd’hui. Un voyage passionnant vers l’autonomie du plaisir féminin.

« Clitoris : ce petit secret renflé qui demeure, résiste, harcèle la conscience et blesse le talon, est celui d’un organe, le seul, qui ne sert qu’au plaisir – donc « à rien ». »

J’ai beaucoup apprécié cet essai pour la pertinence et l’organisation des propos autour du clitoris. Longtemps non défini, cet organe érectile à posé un problème sémantique. Pour en comprendre l’enjeu et son lien avec le féminisme, Malabou n’hésite pas à dépeindre ses pensées en s’appuyant sur de nombreux noms comme Simone de Beauvoir, Carla Lonzi, Halimata Fofana, Paul B.Preciado ou encore Sigmund Freud (ce dernier perdant peu à peu sa crédibilité au sujet du plaisir féminin, finalement). Tant d’auteurs et de chercheurs dont les propos sont propices à illustrer parfaitement cette frise chronologique du clitoris. Ils permettent à l’essai une fluidité surprenante sur un sujet pour le moins complexe. C’est bien cette dernière et la valeur des propos portés qui nous pousse à dévorer cet ouvrage.

La pluralité des sujets est remarquable, alternant philosophie et psychologie. Le plaisir effacé nous parle un temps d’excision, un autre de transsexualité, de patriarcat, mais surtout d’extase et de liberté. Tant de voix toujours élevées plus haut pour libérer l’image jusqu’alors définitivement vaginale de la femme, entité vouée à l’adoration du pénis dans l’imaginaire collectif. Il déchaine aujourd’hui les passions, les recherches, la curiosité. Le clitoris est un tout, mélange indissociable de féminisme et féminité que Catherine Malabou illustre parfaitement ici.

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