
N’avez-vous jamais pensé d’un roman qu’il s’adapterait parfaitement au cinéma ? Des diables et des saints de Jean-Baptiste Andrea publié aux éditions L’Iconoclaste m’a vendu un moment où bobines filmiques et mots pourraient parfaitement se marier.
Joe est pianiste prodige. De son jeune âge, il fait courir ses doigts sur l’instrument sous le regard de Rothenberg, son professeur aigri. Issu des beaux quartiers, tout bascule pourtant le jour où ses parents et sa sœur décèdent dans un accident d’avion. Sans famille, il est transféré aux Confins, un orphelinat austère où l’abbé Sénac fait régner catholicisme et torture sous le même toit. Joe y intègre la Vigie, une société secrète d’orphelins que tout motive à s’enfuir.
« L’abbé réprimanda Grenouille. La couleur de peau importait peu aux yeux de Dieu, tant que l’on était un bon chrétien. Mais un bon chrétien, confirma-t-il, n’avait pas besoin d’apprendre les mathématiques à un niveau avancé, sans quoi la Bible en aurait parlé. Justement, rétorqua Edison, Jésus n’avait-il pas un faible pour les multiplications ? »
Ce roman est captivant. La trame narrative est digne de celle d’un film ! On y retrouve explicitement toute la dualité de Jean-Baptiste Andrea, auteur et réalisateur. La personnalité de chaque personnage est travaillée minutieusement tout en mettant en lumière le passé des orphelins. Ce roman est très expressif et l’humour enfantin omniprésent dans le texte sublime ce petit groupe.
Dans l’intimité de leurs traumatismes, je suis aussi devenue orpheline. J’ai fait partie de la Vigie à mon tour, j’ai retenu mon souffle quand résonnaient des pas étrangers des les couloirs lugubres et j’ai entendu toutes les notes de Beethoven sur le vieux piano de l’orphelinat. L’espace d’un instant, je n’étais plus là, j’avais seize ans et je menais une double vie.
Si l’intrigue peut sembler douloureuse, il n’en est rien. Bien sûr, tout le monde le cœur serré devant des orphelins, mais ce roman est un clair-obscur bluffant où seules l’amitié et la fureur de vivre triomphent.
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