
Le bicentenaire de la mort de Napoléon est une occasion parfaite pour se plonger à nouveau dans l’histoire de ce personnage complexe. Le Paris de Napoléon de Pascale Fautrier publié aux éditions Alexandrines offre un regard différent à travers le prisme d’une ville où je cite : « il y a plus à démolir qu’à bâtir » .
Le 22 octobre 1784, Napoléon, qui est encore jeune à l’époque, découvre Paris pour la première fois. Loin de son île natale, il observe cette ville qui ne ressemble en rien aux paysages corses qu’il connaît depuis toujours. De ces premières impressions découleront de nombreuses pensées politiques et philosophiques, mais aussi une ascension fulgurante jusqu’à devenir premier empereur des Français tout en instaurant une autocratie. Le Paris de Napoléon narre cette découverte rue par rue, et nous laisse entrevoir cette construction de pensée entre modernisme et despotisme.
Parler de Napoléon Bonaparte n’est pas chose aisée tant le sujet est vaste. Ici, Pascale Fautrier nous livre Napoléon à travers la capitale. Ce chemin s’effectue minutieusement, nous faisant passer du château de Vincennes à la rue Saint-Antoine, ou des jardins du Palais-Royal à la rue Saint-Honoré. Il est très plaisant d’y découvrir ce Paris totalement différent de celui que nous connaissons actuellement. Les rues sont insalubres et escarpées, les égouts n’existent pas et la ville est très mal éclairée à la nuit tombée. Napoléon souhaite la faire évoluer coûte que coûte.
Avec énormément de justesse, la professeure agrégée de lettres nous détaille l’épopée solitaire de Napoléon non sans rappeler son rapport à la ville. Elle illustre cet homme guidé par ses rêves d’ascension et de pouvoir et offre sous sa plume la genèse du Paris moderne. Les pensées politiques, économiques et sociales sont mises en lumière à travers des citations mais aussi des explications précises. Elle narre la modernité certes, mais aussi les heures les plus sombres qu’ont pu connaître les femmes à travers différentes lois, ou les Noirs avec le rétablissement de l’esclavage. Nombreuses sont les digressions que l’on peut trouver à travers cet ouvrage et qui peuvent parfois nous égarer du chemin que Napoléon entreprend, mais l’on constate très rapidement à quel point elles sont nécessaires pour comprendre l’homme et son contexte.
J’ai apprécié découvrir Napoléon autrement que par ses lieux d’exil. Le Paris de Napoléon est en réalité à double sens, c’était aussi le pari de Napoléon. Celui de donner à la capitale toute sa grandeur et sa beauté, au détriment malheureux de ses habitants à bien des égards. Si la question de la commémoration fait toujours débat, il va sans dire que l’impact du corse a laissé des traces indélébiles de tyrannie et de beautés architecturales.
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