Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, Charles Bukowski

Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, Charles Bukowski

Les jours s'en vont Bukowki Trouble Bibliomane
Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, Charles Bukowski – Trouble Bibliomane

Doit-on encore présenter Charles Bukowski ? Connu pour ses romans et ses poèmes assez « trash », l’écrivain américain a vécu une vie débridée alimentée par ses déboires avec l’alcool dès l’adolescence. Pourtant il émeut, interpelle, choque… Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines (éditions Points) est connu pour être l’un de ses recueils les plus aboutis. Immersion dans la prose controversée de celui que l’on appelait également Hank.

Ce recueil est un agrégat des thèmes que Bukowski affectionne particulièrement en passant des anecdotes marginales à son goût prononcé pour le fatalisme mais aussi l’amour avec de nombreux poèmes dédiés à sa première compagne, Jane Cooney Baker, décédée en 1962. Bukowski raconte son monde prosaïque aux confins d’une vie particulièrement décalée et d’une soif inébranlable de liberté.

« Chère enfant, je ne t’ai rien fait que le moineau ne t’ait fait ; je suis vieux quand c’est à la mode d’être jeune ; je pleure quand c’est à la mode de rire. Je t’ai détestée quand cela aurait exigé moins de courage de t’aimer. »

Je me suis plongée dans ce recueil en prose de Bukowski sans appréhension, je cherchais sa qualité, son originalité, et bien sûr ce qui interpelle. En somme, tout ce que l’on dit de cet homme. J’ai pourtant trouvé bien d’autres aspects de sa personnalité, des choses plus intimes, douces, et philosophiques. Bien sûr, lorsqu’on lit des poèmes comme Liberté, dans lequel le trash est au cœur des mots, c’est un peu difficile à imaginer, mais allez un peu plus loin dans le recueil et surprise, voilà que l’on découvre un autre homme. Celui qui souhaite raconter ce monde qui s’écroule, son mal-être intérieur, l’âpreté de la vie sans profondeur et le goût puissant de l’alcool au fond de la gorge.

A travers ma lecture, ce recueil est passé comme une justification écrite de son état psychique tout en entretenant un lien particulier avec les animaux, comme s’ils étaient les seuls à apporter encore un peu de douceur à ce monde. Il ne se cache jamais de sa propre débauche et le décalage entre sa vie et celle des autres que l’on peut aisément constater dans le très beau poème Corbeille à papier. Pourtant, l’amour tient tout de même une place prépondérante entre les célèbres loosers, prostituées, minots et autres personnages caractéristiques de l’écriture bukowskienne.

En 1962, sa compagne décède et c’est tout un pan de sa vie qui s’écroule. Dans ce recueil datant de 1969, il mentionne à plusieurs reprises cette femme, la fébrilité avec laquelle il vit la perte et l’absence. Les mots sont imprégnés de douleur et de colère, j’en étais presque surprise tant je ne m’y attendais pas. Ils crachent au visage du lecteur tout l’amour de l’auteur pour Jane Cooney Baker. Et quelle plume ! C’est dramatique, mais magnifique. J’ai été simplement touchée par l’écriture de cet homme et je me sens plus que prête à lire tout le reste. Il faut aller au-delà des mots et de la vulgarité, creuser encore.

Grande conclusion de cette chronique, n’écoutez pas celles et ceux qui vous annoncent la couleur concernant un auteur. Votre degré de sensibilité est subjectif, totalement personnel, et vous pourriez bien faire de belles découvertes à travers votre unique regard.

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