Le cerf-volant, Laetitia Colombani

Le cerf-volant, Laetitia Colombani

Le cerf-volant, Laetitia Colombani – Trouble Bibliomane

Et si nous profitions encore un peu de l’été en se penchant sur un roman de voyage au cœur de l’Inde ? Oui ! C’est bien ce que propose Le cerf-volant de Laetitia Colombani publié aux éditions Grasset en juin dernier. Une nouvelle épopée indienne 5 ans après La tresse, son roman phénomène vendu à plus de 2 millions d’exemplaires.

Après un drame personnel, Léna s’envole pour l’Inde avec un besoin absolu de changer d’air. Pourtant les jours se ressemblent dans l’âpreté de la chambre d’hôtel où tout rime avec mélancolie. Un matin, alors que Léna souhaite se baigner, la jeune femme se fait emporter par les vagues et manque de se noyer. Une fillette alerte la Red Brigade, un groupe d’auto-défense féminine, pour venir la secourir. Avec l’aide de Preeti, la cheffe de la brigade, Léna souhaite retrouver l’enfant, la remercier pour son acte et lui offrir quelque chose. Mais qu’offre-t-on à une petite fille exploitée dans un restaurant, qui ne sait ni lire ni écrire et victime des traditions de son pays ?

« Elle aimait l’effervescence de la reprise après les longues vacances d’été. L’odeur des protège-cahiers lisses et neufs, les crayons, les feutres venant gonfler le cuir souple des trousses, les agendas immaculés, les tableaux fraichement nettoyés lui procuraient une indicible joie, la certitude réconfortante d’un éternel recommencement. Elle se revoit à la maison, dans les couloirs du collège, active, empressée. Le bonheur était là, tapi dans ces infimes instants du quotidien, dont la régularité lui offrait le sentiment d’une existence immuable, protégée. »

La première de couverture du roman de Laetitia Colombani concorde tout parfaitement avec son intrigue, du noir pour les zones d’ombre, du jaune pour l’espoir. En somme, l’envie de voir les choses changer dans une société bien loin de nos préceptes. L’auteure dresse un roman fluide et léger tout en abordant des problématiques conséquentes sur la condition des enfants en Inde mais également celle des femmes et leur éducation souvent mise de coté au profit des taches ménagères. Ce quotidien, elle l’illustre intensément à travers le voyage de Léna, cette femme occidentale nantaise qui se heurte violement à cette réalité avec l’espoir de changer les choses à son échelle.

Cependant, il ne faut pas se méprendre, ce récit engage positif, belles rencontres et émotions mais ce n’est pas un feel-good. Derrière cette sororité portée par toutes les femmes de ce roman, l’auteure laisse transparaître une pensée profondément complexe et féministe à décrypter à travers chaque personnage : la Red Brigade qui se bat pour les droits des femmes dans un pays où la notion même de féminisme est bafouée par les habitants et les castes, Léna et son rêve de créer une école au cœur des quartiers pauvres, ou encore Lalita, cette petite fille interdite d’éducation pour travailler dans un restaurant. Des causes nobles illustrées dans les yeux des personnages qui engagent une réflexion profonde sous la douceur des amitiés naissantes.

La culture indienne n’en reste pas moins mise en valeur derrière ces problématiques rappelant parfois les pérégrinations de Nicolas Bouvier sur les traces de l’ailleurs. La plume dynamique de Laetitia Colombani entraîne le lecteur à travers ces rêves d’évolution aux senteurs de safran et de curry, au brouhaha des voix qui se mêlent ou au grondement des moteurs de scooters. Le cerf-volant détonne, suscite l’émotion par ces voix féminines portées haut et fort pour dénoncer les injustices et s’abandonner à la liberté.

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