
Il y a quelques jours, je me suis achetée Dans ce jardin qu’on aimait de Pascal Quignard aux éditions Folio. Malgré cette belle rentrée littéraire, l’envie m’est venue de me plonger une millième fois dans la superbe écriture de cet auteur.
Siméon Pease Cheney est le premier compositeur à avoir enregistré les oiseaux et autres bruits discrets de son jardin au cours des années 1860-1880. Du clapotis de l’eau dans l’arrosoir au son des feuilles mortes qui craquent, tout est un hommage bucolique que le musicien rend à la femme qu’il aime, disparue lors de son accouchement. Quignard se plaît ici à mettre en scène ces années bercées entre poésie et douleur pour nous faire découvrir le révérend Siméon Pease Cheney et la musicalité de toute chose. Dans la continuité de son roman Tous les matins du monde, l’écrivain nous offre une seconde fois une belle ode à la musique.
J’ai été happée par ce livre comme dans une barque sur l’eau calme. Hybride, il mêle le théâtre et le roman donnant une atmosphère particulière à l’œuvre. Les codes théâtraux accentuent le dramatique des personnages et les accents romanesques donnent au texte le contemplatif bucolique. Un mélange sublime qui nous projette au cœur d’un huit clos où le révérend Cheney exprime ses sentiments les plus profonds tout en nous transmettant sa pensée : chaque objet à sa musicalité, il suffit de savoir tendre l’oreille.
Ce n’est clairement pas un roman à intrigue, mais une superposition de scènes de « vie ». Le personnage nous ramène aux émotions les plus déchirantes de l’être humain à travers la mort, le déni, le deuil ou la folie mais surtout, un cri de détresse face à la perte de l’être aimé. Comme souvent avec Quignard, nous avons l’impression d’entrer dans un temps qui n’est pas le nôtre tant par la situation que par l’écriture, et cette particularité me plaît davantage à chaque fois que je commence une nouvelle lecture de cet auteur. Au fond, sa thèse selon laquelle chaque objet, aussi inanimé soit-il, à sa musicalité se valide. Que ferions-nous si le bruit de la nature nous devenait indistinct ?
3 réflexions sur “Dans ce jardin qu’on aimait, Pascal Quignard”