
Ce mercredi, je vous présente ma dernière lecture de 2020, La petite dernière de Fatima Daas paru aux éditions Noir sur Blanc (collection Notabilia). Il n’y as pas que la première de couverture qui est surprenante par sa beauté.
Fatima est française d’origine algérienne, clichoise, dernière d’une famille trois enfants, et musulmane pratiquante. Chez elle, la sexualité comme les sentiments sont tabous, personne n’en parle. Quand elle rencontre Nina, sa vie bascule. Elevée dans une homophobie normalisée par la spiritualité, difficile de joindre les deux bouts quand la foi en Dieu est aussi grande que celle en l’amour.
« Je m’appelle Fatima. Fatima Daas. Je porte le nom d’un personnage symbolique en islam. Nina Gonzalez est l’héroïne de mon histoire. Un jour, je me décide à inviter Nina. Je ne lui propose pas d’aller boire un verre. C’est ce que tout le monde fait. Je l’invite à me voir sur scène. Plus tard je lui proposerai d’aller boire un verre, d’aller au théâtre, d’aller à une expo. »
Ce livre magistral trône en deuxième position de mon Top 10 des lectures « coup de cœur » de 2020. Le monologue très bien construit est addictif alors même qu’aucune trame narrative n’est réellement présente. Le personnage de Fatima est une quête identitaire vers un idéal d’acceptation et d’amour qui ne vient jamais. Torturé, vivant, bouleversant, il défie tous les codes pour questionner sans cesse son lecteur sur le lien intense et étroit entre l’amour et la spiritualité. Comment aimer quelqu’un perçu comme un péché ? Le péché prime t-il sur l’amour ? Pourquoi voir l’homosexualité comme un péché ?
Il y a dans ce livre un vouloir constant d’assembler les morceaux de ce dilemme avec tendresse, sans juger ni pointer du doigt qui que ce soit, mais simplement narrer un ressenti. Cette autofiction, comme pourrait l’appeler Doubrovsky, est si naturelle qu’il est difficile de croire qu’il ne s’agit pas d’une autobiographie. Fatima se construit comme bien d’autres avant elle, entre désir d’acceptation de soi et des autres, dont les émotions changeantes sont compliquées à identifier par l’écriture. Ce flou constant et audacieux fait la beauté de ce texte et le message y est impactant tout en sublimant le désir d’amour universel. Un chef-d’œuvre d’écriture.
Une réflexion sur “La petite dernière, Fatima Daas”