Le grand saut, Renaud Dély

Le grand saut, Renaud Dély

Le grand saut Renaud Dély Trouble Bibliomane
Le grand saut, Renaud Dély – Trouble Bibliomane

Le week-end dernier, Le grand saut de l’auteur et journaliste Renaud Dély publié aux éditions JC Lattès m’attendait sagement dans ma pile à lire de la rentrée littéraire. C’était le moment ou jamais de découvrir une plume plus connue pour ses publications politiques que ses intrigues sportives.

Jeux Olympiques de Los Angeles, 8 août 1984. Pierre Quinon s’élance pour battre ce qui sera le record du monde de saut à la perche. De l’autre coté de l’océan, à Paris, un enfant l’observe et adule les prouesses du médaillé d’or. Cet athlète est son héros, un exutoire au quotidien sombre, celui de l’enfant qui s’effrite trop tôt pour faire face aux problématiques du monde adulte.

« Tout seul dans ma chambre, je regardais le poster de Pierre, dressé, perche en main, au bout de la piste d’élan. J’y cherchais une boussole. Dans son regard concentré, je voulais voir un encouragement à franchir le pas, à prendre le risque. Pour faire preuve de courage, j’avais besoin de son aide. Il m’aiderait à oser, à concrétiser ce qui m’apparaissait comme un sacrifice. »

Le grand saut sortait de mes habitudes de lectrice et même de journaliste n’étant pas tous les jours exposée aux écrits sportifs. Mais j’étais certaine d’une chose, en cette rentrée littéraire 2021, ce livre se démarquait par son sujet. Ici, vous le comprendrez dès les premières pages, la biographie et la narration se mêlent pour donner vie à ces deux destins, celui de l’athlète et l’enfant que tout semble opposer aux premiers abords. L’avancée de la lecture entraîne pourtant de nombreuses similitudes avouées entre les lignes qui stimulent la réflexion du lecteur.

Pierre Quinon est illustré avec brio sous les traits de l’athlète brillant, mais également sous ceux de l’homme dans son intimité, taiseux, passionné, émotif, ayant un goût prononcé pour le risque. Un besoin constant de jouer avec les limites de la vie comme une perspective prédéfinie à son suicide le 17 août 2011. Mais il y a aussi cet enfant, gâté par le matérialisme ambiant du XVIème arrondissement tout en étant exposé à une parentalité toxique. A travers ses yeux, l’amour du sport prend tout son sens, sa beauté, et cette admiration indicible qui guette les passionnés dès le plus jeune âge. Mais c’est aussi une porte de sortie, une trêve dans l’existence. Cette trêve au doute, les deux hommes la recherchent.

Ces destins liés sont très appréciables tant rien ne semble d’abord les rapprocher. L’écriture sombre de Renaud Dély permet de mettre l’accent sur des émotions toujours subtiles à illustrer : la déception, l’angoisse, les questionnements incessants, et le doute. Cela touche et l’on peut en réalité comprendre, parfois, la triste destinée de l’athlète. Ce « grand saut » comme le mentionne l’auteur. Ce roman est un bel hommage à Pierre Quinon qui illustre l’homme dans toute sa complexité sans s’en tenir à l’exploit sportif et aux informations de surface. Il y a une réelle recherche derrière tout cela et il faut avouer que l’on retrouve bien l’œil du journaliste et son souci du détail.

Je ne peux pas dire que ce roman restera un inoubliable me concernant, ne me sentant jamais totalement éprise par les récits biographiques, mais il n’en est pas moins une ode à l’amour du sport, tant par le prisme de l’athlète que celui du supporter. Le fil conducteur d’une passion enivrante dont les exploits, comme celui de Pierre Quinon, ne sont jamais réellement oubliés.

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